Crédit photo : JM DEBILLY (son sculpteur de mari)
J'ai le plaisir de vous présenter Sylvie Callet, auteure de plusieurs ouvrages dont son roman noir « Fatum » aux éditions du Caïman, paru en 2023. Elle a accepté de se prêter au jeu de mes questions, nous offrant un regard sur son processus d'écriture, pour cette 30ème interview.
Plongeons ensemble dans les coulisses de son univers littéraire.
MERCI INFINIMENT, SYLVIE, POUR L'ACCEPTATION ET TA GENTILLESSE
Sylvie Callet est une auteure française, née le 13 décembre 1965 à Paris, le jour de la Sainte-Lucie, une fête symbolique en Suède. Issue d'une famille modeste, son père étant facteur d'origine corrézienne et sa mère d'origine italienne, elle grandit dans un environnement culturellement riche. À l'âge de six ans, elle quitte Paris pour s'installer à Toulon, où elle découvre la mer, la lumière du sud, et les traditions locales.
Dès son plus jeune âge, Sylvie montre un grand intérêt pour la lecture et l'écriture. Adolescente, elle se passionne pour les sagas littéraires telles que celles de Thyde Monnier et d'Émile Zola, ainsi que pour les intrigues policières. Cette passion ne la quittera jamais, malgré une vie ponctuée de défis, comme l'interruption de ses études de psychologie à Chambéry en raison de difficultés financières.
Mariée une première fois à 19 ans, elle traverse une période de turbulences marquée par des petits emplois, un divorce, et l'éducation de deux enfants. Toutefois, elle parvient à nourrir son amour pour les arts en s'investissant dans le théâtre amateur pendant près de 30 ans, et en s'initiant à la mise en scène à Bellegarde-sur-Valserine.
Un second mariage avec un sculpteur l'amène à Villefranche-sur-Saône, où elle se forme à l'animation d'ateliers d'écriture à Lyon avec Aleph-Écriture. C'est ici qu'elle renoue pleinement avec l'écriture et partage son savoir-faire en formant des professionnels à l'écriture. Elle fonde également l'association Écriture & Papyrus, accompagne des écrivains en herbe, et intervient dans des contextes variés tels que les écoles, les hôpitaux et les prisons.
Sylvie Callet publie plusieurs ouvrages aux Presses du Midi et au Poutan, et réalise des projets littéraires sur commande, notamment « Les Murs noirs », primé à Paris. Elle devient aussi chroniqueuse littéraire pour le Big’Up Mag. En 2021, elle envoie son roman noir « Fatum » aux éditions du Caïman. Publié en 2023, ce roman est finaliste de plusieurs prix et remporte le prix Lyon-Polar Dora-Suarez 2023.
Aujourd'hui, Sylvie Callet fait partie d'une maison d'édition dynamique et continue à s'illustrer dans le monde littéraire. Elle participe à divers festivals et librairies, partageant son amour des mots et sa passion pour la littérature avec un enthousiasme inébranlable.
Qu’est-ce qui t'a poussé à écrire ? Et pourquoi le polar ?
Qu’est-ce qui t'a poussé à écrire ?
Enfant, je lisais beaucoup et je trouvais les aventures des personnages de roman beaucoup plus palpitantes que ma propre vie, qui me paraissait bien plate en comparaison. Très vite j’ai eu envie de mettre moi-même des personnages en scène, comme je le faisais physiquement avec mes poupées quand j’étais petite.
À l’âge où il est de bon ton de mettre ses Barbie au placard, écrire m’a permis de continuer à jouer et inventer des scénarii en utilisant ce matériau mouvant, coloré, musical… qui me plait tellement : les mots, la langue.
Ado, j’ai écrit comme beaucoup des poèmes pour exprimer mon mal-être. Adulte, j’écris toujours pour vivre d’autres vies que la mienne mais également pour donner à voir le monde tel que je le ressens, mettre en lumière des dysfonctionnements sociétaux et psychologiques autant que pour souligner la beauté de ce qui nous entoure - les deux ne sont pas antinomiques à mon sens.
Je crois qu’écrire m’aide à mieux comprendre le monde et à le digérer. Écrire, c’est aussi une façon de m’échapper pour mieux me retrouver. Ça tient de l’expérience intime. Chaque livre est pour moi un voyage, une exploration de contrées méconnues d’où je reviens enrichie (au sens figuré surtout 😊).
Et pourquoi le polar ?
La littérature noire, qu’il s’agisse de polar ou de roman noir, n’est ni cucul la praline (ce qui m’ennuie très vite) ni moralisatrice (ce qui m’em…bête beaucoup). À travers une intrigue porteuse de suspense, elle me permet d’aborder des thèmes forts, parfois dérangeants voire tabous - notamment en ce qui concerne les femmes - et livrer ma vision de la société sans prendre de pincettes, même si je ne cherche jamais à choquer gratuitement la lectrice ou le lecteur.
Le sujet de ton livre « FATUM » s’est-il imposé de lui-même ?
Pour Fatum, qui est constitué de deux récits parallèles qui convergent vers la fin du livre, j’étais partie sur le premier récit issu du passé : j’avais l’idée d’aborder, à travers la vie d’une fillette séquestrée par sa grand-mère dans une campagne profonde, les thèmes du handicap, de la maltraitance, de l’inceste etc.
Mais dès le 2e chapitre, trois ados « des quartiers » se sont invité.es dans mon livre… et ne l’ont plus quitté. Ils m’ont permis d’aborder entre autres les thèmes de l’amitié et des premières amours adolescentes, celui de la radicalisation ou encore du pouvoir rédempteur de la lecture.
J’ai compris qu’il me fallait lier les deux récits, les secrets du passé pesant irrévocablement sur la vie d’un des protagonistes de l’histoire contemporaine – d’où la notion de « Fatum » (fatalité).
Où écris-tu ? À quel moment de la journée ? Combien de temps consacres-tu à l’écriture ?
J’écris un peu partout (dans mon bureau, mon salon, ma chambre, sur ma terrasse, en vacances…) et surtout lorsque je le peux.
Comme je travaille beaucoup pendant l’année pour essayer de gagner ma vie (gestion de mon association, conception-animation de stages d’écriture, rédaction d’articles, diagnostics de romans etc.), ce n’est pas facile de trouver le temps et surtout la disponibilité mentale pour écrire. J’en suis parfois frustrée… mais je me débrouille en volant des heures par-ci par-là à un agenda bien chargé, quitte à me mettre en retard pour le reste.
Je mets environ un an à écrire la version aboutie d’un livre. Je suis plutôt lente, j’interroge chaque mot, chaque phrase. J’ai besoin de trouver les termes justes et… musicalement compatibles. Il me faut aussi être attentive à l’équilibre global du roman et à sa cohérence. Je retravaille beaucoup chaque scène.
Ensuite il y a les relectures, les corrections, les précieux conseils et les remarques de l’équipe éditoriale, il faut compter encore plusieurs semaines pour la réécriture. Même si ça peut paraitre fastidieux, c’est important de ne pas négliger cette dernière étape. Parce qu’une fois que le livre est paru, il n’y a plus de repentir possible.
T’inspires-tu de la réalité pour écrire tes romans ? Fais-tu un plan ou ton histoire vient à toi d'elle-même ? As-tu besoin d'une ambiance particulière (musique, lumières, etc. …) ?
Je m’inspire beaucoup de la réalité mais ce qui prime avant tout pour moi, c’est l’histoire que je vais imaginer pour « mettre en scène » cette réalité, lui donner corps.
Pour cette partie créative, je fais confiance à mon inconscient.
Avant de me lancer, j’ai une vague idée de l’histoire que je veux écrire, je ne connais pas toujours la fin. Je commence à écrire et, à un moment donné, j’ébauche un schéma narratif que je suivrai… plus ou moins.
Ce plan a pour objectif de me guider sans pour autant m’enfermer dans un cadre trop contraint. Je peux bifurquer, prendre des chemins de traverse et y revenir ou bien le modifier en cours de route, je n’ai pas de règle – ça tombe bien, je n’aime pas trop les règles, si ce n’est pour les transgresser.
Pour écrire, j’ai besoin de solitude et de silence – même si je supporte très bien le chant des cigales. Mais pas de musique, qui viendrait contrer ma musique intérieure.
Quand j’écris, j’oublie le temps, j’oublie les heures, je suis dans un état d’autohypnose.
Comment fais-tu tes recherches pour les lieux, les personnages, afin d'apporter du réalisme à ton histoire ?
Je lis beaucoup, je fais des recherches sur internet, je compulse mes notes (par exemple, pour Fatum, j’ai été immergée pendant une année dans plusieurs classes de CAP, j’ai beaucoup discuté avec les élèves, je les ai écoutés quand ils parlaient entre eux et j’ai pris beaucoup de notes chaque jour, que j’ai réutilisées partiellement dans mon roman).
Concernant les lieux, je préfère de loin évoquer ceux que je connais, car même si on trouve des descriptions de certains endroits sur internet, cela ne me dit pas grand-chose sur l’ambiance qui y règne, sur les éléments précis qui, selon moi, font tout le sel d’une description, comme les odeurs, les bruits spécifiques…
Quels sont tes futurs projets d’écriture ? Y en a-t-il un en gestation ? Si oui, peux-tu nous en parler ?
Actuellement, j’effectue les dernières corrections de mon livre « Poupée » qui paraîtra le 5 novembre aux Éditions du Caïman. Il s’agit d’un roman noir avec une dimension psychologique, qui traite des thèmes de la manipulation amoureuse et familiale et de la fausseté des apparences.
J’ai également écrit une nouvelle intitulée « Vers la lumière » qui sortira à l’automne dans le recueil collectif initié par Dora-Suarez, « Sombres enfances ».
J’ai enfin été sollicitée par les éditions Arcane 17 pour écrire une nouvelle en hommage aux surréalistes.
J’ai un vague projet en tête pour un futur roman noir, mais c’est assez flou, je dois encore faire plusieurs recherches avant d’en parler…
Pour terminer cette entrevue, je te laisse le mot de la fin…
Je voudrais remercier toutes les personnes (dont tu fais partie) qui, par leurs lectures attentives, leurs chroniques, leurs entretiens, leurs diffusions sur les réseaux sociaux et autres… permettent de mettre en lumière les autrices et les auteurs de petites maisons d’édition indépendantes – car ces dernières, malgré la qualité de leur offre, ont bien du mal à lutter contre les poids lourds de l’édition.
Merci pour tout ce temps et cette énergie qui nous sont offerts !
Pour découvrir plus amplement l'univers de cette auteur de polars, je vous invite à découvrir son site internet : https://www.atout-ecriture.fr/
Vous pouvez vous procurer ses livres, en rayon ou sur commande, dans toutes les librairies de France voire des pays francophones limitrophes. Dans plusieurs médiathèques. Ou les commander sur les différentes plateformes en ligne et, bien entendu, directement via le site des Éditions du Caïman.
POLARS :
AUTRES ROMANS :
Fatum
Publié en janvier 2023 aux Éditions du Caïman
Issue des quartiers, Samia, une lycéenne de 15 ans, rêve en secret de devenir écrivaine. Depuis qu’Amar, son père, est parti au bled, sa mère Sabine peine à joindre les deux bouts, son frère Sohan se radicalise, sa petite sœur Myriam devient ingérable. Abby, sa meilleure amie, submergée par un drame familial, part elle aussi à la dérive.
Samia trouve du réconfort dans les ouvrages qu’elle emprunte chaque semaine à son étrange voisine, madame Henry, surnommée « la femme aux livres ». Un jour la jeune fille trouve celle-ci sur le carrelage de sa cuisine en train de se vider de son sang. Une enquête est ouverte pour agression. Samia l’ignore, mais sa vie vient de basculer. Inexorablement.
En bref :
Sylvie Callet m'a directement contactée via mon blog Ma Folie Livresque pour exprimer son intérêt pour une interview. Suite à nos échanges, elle m'a gentiment envoyé son roman noir « Fatum » pour une chronique. Ce livre explore comment le destin bouleverse la vie des personnages de manière cruelle et dramatique.
Je vais pouvoir la rencontrer lors du salon Cha'Polar à Chaponnay (69) le 6 octobre 2024, et j'aurai le plaisir d'échanger avec elle !
Vous pouvez suivre Sylvie Callet sur :
Je vous partage ma chronique pour :
➡️ Actualités :
Pour celles et ceux qui souhaitent rencontrer Sylvie Callet, elle sera présente :
Le 6 octobre 2024 : Salon du Cha'polar à Chaponnay (69)
Les 23 et 24 novembre 2024 : Salon du livre de Toulon.
Le jeudi 28 novembre 2024 : Dédicace à 19 h à la Librairie des Marais à Villefranche-sur-Saône (69).
⚠️⚠️⚠️ À paraître « Poupée », aux Éditions du Caïman,le 5 novembre 2024
Synopsis :
Un soir d'hiver, sur la côte méditerranéenne, une femme surnommée Poupée se jette à la mer. Non loin de là... À vingt-cinq ans passés, Laurie, privée de revenus, est contrainte de revenir vivre chez ses parents, dans un petit village côtier du Var, à proximité de Toulon. Père manipulateur, mère sous emprise...La jeune femme a bien du mal à se réadapter à cet environnement toxique. Une première mort suspecte qui la touche de très près, une relation amoureuse complexe, la découverte de sa mère sous un nouveau jour, d'étranges vendanges en Beaujolais, le tout ponctué d'évènements macabres qui semblent orchestrés par la main du destin... vont venir bousculer à jamais son quotidien.
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🎙️ SYLVIE CALLET : L’INTERVIEW ! est menée par Marie-Laure, blogueuse et chroniqueuse de Ma Folie Livresque
N'hésitez pas à laisser un commentaire ou me contacter
➡️ Prochaine interview :
Je vous proposerai une rencontre avec Nick Gardel
Auteur de plusieurs romans et recueils de nouvelles, dont le domaine de prédilection est le polar.
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