C’est avec grand plaisir que je vous présente, pour cette 46e interview, l’auteure Maria P. Mischitelli. L'occasion de nous parler de son nouveau polar, « Les anges n’habitent pas tous au paradis », aux éditions du Caïman (paru en février 2025). Elle nous dévoile ses secrets d'inspiration, ses méthodes d’écriture, ainsi que les coulisses de son dernier ouvrage.
MERCI INFINIMENT MARIA POUR TA DISPONIBILITÉ ET TA GENTILLESSE
Auteure italo-française, Maria P. Mischitelli est également poète, traductrice et directrice de la collection Les Villes Noires aux Éditions du Caïman. Elle puise dans sa double culture une vraie richesse, qui lui permet d'avoir un regard unique sur les sociétés française et italienne. Cette vision se reflète dans ses écrits, où elle analyse la société sans parti pris, « puisqu'elle a un œil français en Italie et italien en France » 😉.
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ? Et pourquoi le polar ?
La découverte de la lecture très jeune. J’écrivais déjà enfant en essayant d’imiter la comtesse de Ségur ! J’écrivais des histoires entières. Le polar est venu plus tard avec des lectures adolescentes : Agatha Christie, Conan Doyle puis adultes : Chandler et les classiques du Hard Boiled, plus contemporains : Val McDermid, les premiers Fred Vargas, Mickaël Connelly… Je regarde aussi beaucoup de séries policières pour « voir comment c’est écrit ».
Vous êtes aussi traductrice, le fait d’être à la fois auteure et traductrice influence-t-il votre manière d’écrire ou de traduire ?
La traduction m’a permis de comprendre les mécanismes de l’écriture donc ça influence certainement mon écriture. En tout cas, ça aide à la construction narrative. Et vice et versa, écrire me permet de mieux comprendre le travail de l’auteur et de le traduire au plus juste. Enfin j’espère !
Vous avez écrit « La solitude des bois noirs », publié aux éditions du Caïman en mars 2023, votre livret poétique « Messages from the cloud », publié chez Abribus en mai 2024, le sujet de ce dernier s’est-il imposé de lui-même ?
En tant que lectrice et passionnée de littérature, j’aime tous les genres littéraires. La poésie en particulier. Les thèmes et les enjeux liés à notre société sont l’essence de mon écriture, comme la perte de notre lien à la nature qui est au centre de mon livret poétique. Cependant, je les évoque par un biais intimiste que je trouve plus intéressant et qui permet sans doute à chacun de s’identifier plus facilement avec le thème proposé.
Où écrivez-vous ? À quel moment de la journée ? Combien de temps consacrez-vous à l’écriture ?
J’écris dans mon salon, en face de mes arbres et plantes. Et oui, encore la nature ! C’est très apaisant et inspirant. J’écris surtout le matin, dans le calme. J’y consacre le plus de temps possible mais ça n’est jamais assez ! En fait, j’écris au moins une heure par jour jusqu’à trois heures environ. Tous les jours. J’en ai besoin.
Faites-vous un plan ou votre histoire vient-elle à vous d'elle-même ? Avez-vous besoin d'une ambiance particulière (musique, lumières, etc.) ?
Je fais, disons, un minimum de plan. C’est-à-dire que j’écris quelques lignes directives pour chacun des chapitres de mon livre de façon à avoir une structure et savoir où je vais. Mais à l’intérieur de ce cadre, c’est la liberté absolue ! Je sais à peu près à l’avance sur quoi je vais écrire mais jamais comment je vais l’écrire. Cela se construit petit à petit, au fil de l’écriture. Pour l’ambiance, le silence de mes arbres me suffit. J’aime bien aussi mettre de l’encens ou des huiles essentielles qui créent une ambiance plutôt zen, propice à faire émerger l’inspiration.
Comment faites-vous vos recherches pour les lieux, les personnages, afin d'apporter du réalisme à votre histoire ?
J’achète des bouquins sur le sujet que je veux approfondir. Pour mon dernier polar, par exemple, je me suis fait un super cadeau : Dark City, un gros bouquin plutôt cher, bilingue anglais-français avec des tas de photos de Los Angeles depuis ses origines jusqu’à nos jours. J’adore ce temps préparatoire à l’écriture : en faisant des recherches, j’apprends plein de choses et j’adore ça ! Je fouille aussi le net où il y a plein de ressources en VO : on ne les trouve pas forcément dans les librairies et ça soulage un peu mon portefeuille ! Je regarde aussi des documentaires. Des sources diverses et complémentaires, je dirai. Je passe beaucoup de temps à effectuer mes recherches et j’y apporte un grand soin. Mais heureusement nos correcteurs sont là et je les en remercie. On fait toujours des erreurs ou bien on peut être imprécis en matière d’Histoire.
Vous avez publié récemment « Les anges n’habitent pas tous au paradis » aux éditions du Caïman le 14/02/2025. Pouvez-vous nous en parler ?
Volontiers. C’est avant tout un livre sur les femmes. Elles y sont les victimes d’une société dominée par les hommes et aussi réparatrices des injustices faites à leurs sœurs. C’est un livre sur la sororité. J’y tenais beaucoup car je vis cela dans ma vie. J’ai des amies-sœurs. C’est un trésor incroyable. Mais « Les anges n’habitent pas tous au paradis » est aussi un polar avec une véritable enquête : Lana Monterey – une jeune privée fraîchement séparée de son mari, lieutenant de police – et ses deux acolytes, Ezra Stein – l’homosexualité et la cinquantaine assumées – puis Norma Jean (toute référence n’est pas fortuite), doivent découvrir qui a assassiné une domestique mexicaine. Heureusement, il existe aussi des hommes différents des mâles alphas qui vont collaborer avec elles. Des hommes qui luttent pour la justice, contre la corruption et les embrouilles mafieuses et politiques de la ville de Los Angeles, notamment celles liée à l’approvisionnement en eau. C’est aussi un roman qui dénonce le racisme et la montée des extrémismes, un peu comme dans mon précédent polar, sauf qu’ici on est dans un contexte très urbain. Malgré tout, l’entre soi des diverses communautés est tout aussi présent qu’à la campagne. J’ai trouvé intéressant d’établir un parallèle entre la situation en 1939 – quand certains déjà criaient America First ! – et le fascisme qui envahit la planète dans notre période actuelle. J’espère que ça fera réfléchir sur ce qui se passe aujourd’hui, comme un effet miroir. Au moment de la rédaction de mon roman, je n’avais bien sûr pas prévu la réélection de Trump ni les saluts nazis de ses petits copains. Finalement, la réalité a rejoint la fiction, comme souvent.
Pour terminer cette entrevue, je vous laisse, le mot de la fin.
Je tenais à remercier celles et ceux qui, comme vous, soutiennent les livres et également l’édition indépendante – telles les Editions du Caïman – qui en a bien besoin. Surtout aujourd’hui, où des groupes financiers rachètent les maisons d’édition à tour de bras. Je trouve cela doublement inquiétant : d’une part pour la liberté d’expression : on demande de plus en plus aux auteur.e.s des grosses ME de se conformer à des modèles d’écriture qui limite leur liberté. D’autre part, c’est à se demander si derrière ces opérations financières il n’y aurait pas un vaste projet politique qui sent un peu mauvais, comme les relents d’un certain passé ?
Pour découvrir plus amplement l'univers de cette auteure de polars, je vous invite à découvrir son site internet : mariamischitelli.com
Vous pouvez vous procurer ses livres en librairie (parfois sur commande selon les points de vente), sur le site des Éditions du Caïman, ainsi que lors des salons littéraires également.
Maria P. Mischitelli a reçu le prix Noir Émotion 2023 Dora-Suarez pour son roman « La solitude des bois noirs ».
Vous pouvez aussi découvrir la plume de Maria P. Mischitelli parmi ce collectif :
Merci la Résistance !
Sortie en Mars 2024
Un hommage à la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, à travers un mélange de fictions, de récits inspirés de faits réels, de poèmes, de nouvelles historiques, enrichis de nombreux dessins et documents d’époque.
Ce recueil met en lumière les héros anonymes de cette période sombre et s’achève sur un épisode marquant de la jeunesse de Missak Manouchian à Paris, en 1934.
Disponible aux Éditions du Caïman
17,00 € TTC
➡️ En bref :
Maria P. Mischitelli m'a contacté pour me proposer de lire son livret poétique « Messages from the cloud », qu'elle m'a gentiment envoyé, et m'a également exprimé son intérêt pour une interview. Ce recueil, rappelle l’importance qu'il faut parfois ralentir et de se reconnecter à l’essentiel, est une œuvre inspirante que je vous recommande vivement.
➡️ Vous pouvez suivre Maria P. Mischitelli sur :
Je vous partage mes chroniques pour :
➡️ Actualités :
Vous souhaitez rencontrer et échanger avec Maria P. Mischitelli, voici les dates de ses prochains salons ou évènements :
Les 16 et 17 mai : Salon du livre à Craponne sur Arzon (43)
Mai : Ouverture Showroom des Éditions du CaÏman
Le 1er week-end de juin : Dédicace à Blagnac (31)
Le 12 juin : Bibliothèque de Simandre (69)
Le 5 juillet : Salon Lire sous l'aile à Craintilleux (42)
Les 4 et 5 octobre : Salon polar Saint-Léger-sur-Roanne (à confirmer)
Le 25 octobre : Soirée projet final à Simandre (69)
Le 2 novembre : Salon Cha'Polars (à confirmer)
Le 14 novembre : Conférence polar et traduction, librairie Forum à Saint-Étienne (42)
Le 15 novembre : Salon du Sang sur les volcans dans le cantal (15)
Découvrez son nouveau polar ✨ Les anges n'habitent pas tous au paradis ✨
aux éditions du Caïman, paru en février 2025
1939, Los Angeles. Dans leur luxueuse propriété de Beverly Hills, Madame Müller découvre sa domestique mexicaine – Gloria Marquez – sauvagement assassinée. Son corps est mutilé selon un ancien rite aztèque ; sur son visage, on a dessiné au couteau un masque sanglant représentant la Santa Muerte. Lana Monterey, une jeune détective privée fraîchement séparée de son mari, le lieutenant Jack Kaminski, est chargée de l’enquête par son associé et fervent admirateur, Carston Crane...
15,00 €
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🎙️ MARIA P. MISCHITELLI : L’INTERVIEW ! est menée par Marie-Laure, blogueuse et chroniqueuse de Ma Folie Livresque
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